En 2007, l'activité agricole des
Alpes-Maritimes s'articulait autour de trois productions majeures : fleurs,
fruits et légumes qui représentent 82 % de la richesse agricole du département
bien que ces trois activités n’occupent que 3 % de la surface agricole.
L’horticulture est le premier
pilier économique maralpin. Cette filière génère 44 % de la richesse agricole des
Alpes-Maritimes avant les légumes (22 %) et les fruits (16 %). Les quatre
cinquièmes des recettes florales sont assurées par la production de fleurs et
de plantes en pots ou plants à massifs.
Il est évident que dans un esprit
« développement durable », ce qui nous intéresse principalement est
la production maraîchère (les légumes et petits fruits comme les tomates, les
fraises…) et arboricole (les fruits sur arbre). Pour commencer par le domaine
arboricole, les exploitations oléicoles représente près de 80% de la production,
en cas de pénurie alimentaire, nous mangerons en grande partie des figues et
des agrumes, espérons que cette disette ait lieu durant l’été ou dans la
période hivernale. Le maraichage représente moins de 300 hectares cultivés sur
le département. Un hectare nourrit à l’année environ 40 familles (2 adultes – 2
enfants). Nous pouvons estimer que dans cette même période de pénurie
alimentaire, seules 48000 sur le plus d’un million d’habitants des Alpes
Maritimes auront accès à cette production composée essentiellement de Salades, courgettes,
bettes, poireaux, courges, carottes, choux-fleurs, radis. Il est a noté que l’essentiel
de cette production est distribué par le réseau local des AMAP (Association
pour le Maintien d’une Agriculture de Proximité), dont notre réseau LOCAVITA
vient d’accéder après de nombreux mois d’attente pour 20 familles uniquement. C’est
pour vous dire comme cette situation maraîchère est actuellement tendue et que
la demande est grandissante.
Il est également à noter que nous
avons un vide total concernant la production céréalière qui devrait normalement
représenté 60% de notre alimentation quotidienne en raison de ses apports nutritionnels
en protéines et vitamines essentielles.
Concernant l’élevage, c’est celui
des ovins qui est le plus courant sur le territoire avec 260 exploitations et
70 000 têtes. C’est l’activité agricole la plus importante dans la zone
montagneuse en raison de sa situation géographique et climatique particulière.
Le problème principal – une urbanisation démesurée sur nos terres
fertiles
98 % de la zone littorale des
Alpes Maritimes est urbanisée, comprenons bien qu’une Opération d’Intérêt Nationale
« Plaine du Var » visant à urbaniser au nom du développement durable
1% de plus cette zone déjà fortement agressée est un paradoxe que seuls les
politiques et les hommes d’affaires peuvent comprendre. Pour l’agriculture la
zone littorale est la plus prospère, une terre fertile permettant jusqu’à 4
rotations annuelles dans le domaine du maraichage alors que les terres de l’arrière-pays
ne peuvent en proposer qu’une seule. Sans parler d’autonomie alimentaire qui
semble totalement irréalisable sur notre département en raison sa situation foncière,
géographique et démographique, il est évident que nous sommes dans une
situation extrêmement dangereuse pour notre devenir à moyen terme.
En raison de l’augmentation du
coût de l’énergie, ne produire en local que 3% de ce que nous consommons est
une folie. Nous paierons rapidement plus cher le transport des marchandises que
leur coût de production. Cette situation n’a pas toujours été aussi stérile. Dans
les années 1970, nous comptions plus de 10000 exploitations agricoles sur le
département, environ 650 ont survécu. Pour noircir le tableau de notre
agriculture locale, la moyenne d’âge des exploitants est de 58 ans et peu d’entre
eux ont un successeur ou un repreneur.
Jusqu’alors, les terres agricoles
étaient facilement transformées en zones urbanisables, ce qui était d’un
intérêt non négligeable pour les agriculteurs qui avait besoin de revendre leur
capital foncier en raison de leur très modestes indemnités de retraite. Les schémas de cohérence
territoriaux permettront de conserver les dernières terres agricoles du
département. Cette démarche est primordiale pour notre devenir agricole local,
mais une injustice pour tous les agriculteurs qui ne pourront pas réaliser de
complément de retraite conséquent lors de leur fin de carrière alors que leurs
prédécesseurs ont largement profité de la situation. Pourquoi les avantages des
uns devraient être payés par d’autres ? Il est évident que le SCOT et les
PLU en cours de création ne reprendront pas d’espace sur les terres urbanisées
et que les superficies sont extrêmement réduites.
Il n’y a pas beaucoup à attendre
des politiques de développement local pour améliorer notre situation vivrière
sur le département. Au mieux nous pourrions doubler ou tripler notre superficie
de maraichage. Cela demanderait évidemment qu’une pression citoyenne auprès des
politiques locaux soit beaucoup plus perceptible qu’actuellement. La production
fruitière semble également dans une phase de décroissance. Le changement
climatique joue un grand rôle sur l’éradication des arbres fruitiers selon les
agriculteurs et aucune campagne de plantation n’a été menée dans les années
précédentes. Il est bon de savoir qu’il faut environ 10 à 15 ans à un avocatier
pour qu’il soit productif. Soyons positif, nous avons de l’huile d’olive, des
salades des courgettes, quelques figues et oranges, de bons repas en perspective agrémenter d'un filet de jus de citron …
Didier LAURENT – LOCAVITA – La vie
locale des Alpes Maritimes
Source agricole : Agreste - Enquête structure
2007 et recensement agricole 2000
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