mercredi 22 février 2012

Jardinage - Vers de terre - Champion du compost

Certains vers de terre sont des champions pour décomposer les déchets du jardin ou bien ménagers. En les élevant, on obtient du « lombricompost » ou « vermi-compost », un produit très fin constituant un excellent engrais naturel pour les cultures... Voici comment procéder. 
« Dans mon composteur, mes vers se régalent, et le niveau de mes déchets baisse de 10 cm par jour ! » Marcel CAILLERE, adepte du compostage vivant, le sais bien : un vers de terre est vorace ! Le glouton mange en effet entre une demi-fois à une fois son poids par jour de matière organique et se multiplie vite puisqu'un seul individu peut être à l'origine de 500 descendants en une année... Ces précieux alliés produisent des déjections appelées turricules qui constituent une terre très fine, riche et fertile : le lombri-compost. Un amendement naturel et sans danger directement assimilable par les plantes, bref du caviar pour vos cultures ! Mais ce n'est pas à la portée du premier vers venu. Nos classiques vers de terre, certes de grands laboureurs de sol, sont peu efficaces pour le compostage. Deux espèces en particulier, des vers de surface, sont recommandées : le vers du fumier ou ver tigré (Eisenia foetida), au coloris rouge tigré et qui se régale des matières en décomposition, ou bien le vers de Californie, de teinte rouge vif (Eisenia endrei) qui aime, lui, la matière fraîche. L'humus produit par ces vers étant neutre et riche, il aère et ajoute de nombreux éléments nutritifs au sol, augmente la résistance aux maladies, favorise l'enracinement, la germination et la croissance...
« Attention, il ne s'agit pas d'amender entièrement le sol avec le vermicompost, cela demanderait des quantités trop importantes de matière organique à fournir aux vers, mais de produire un excellent engrais d'appoint pour vos cultures », précise Vincent Desbois, Iombriculteur professionnel. Enfin, ultime qualité, le produit est écologique puisqu'il permet aussi de valoriser vos déchets ménagers de cuisine !
Le principe
Comment travaillent ces merveilleux ouvriers ? Tout comme le compost classique, l'usage des vers de terre consiste à dégrader des déchets verts et ménagers comme certains aliments de cuisine. Mais leur action est bien plus rapide et pratique ! Le compost de base, disposé en tas ou bien dans un composteur, n'est dans un premier temps que décomposé par les micro-organismes du sol (bactéries, champignons... ) en présence d'oxygène et d'eau avant de subir une longue phase de réchauffement et de refroidissement. Il faut donc le remuer et l'arroser régulièrement, ce qui est fastidieux ! De plus, le compost ne devient utilisable qu'au bout d'un an. Tout cela est oublié avec votre réserve de lombrics puisque ces derniers réalisent le travail eux-mêmes : tout en décomposant la matière organique qu'ils restituent sous forme de déjections, ils creusent des galeries et aèrent la terre. De fait, ils accroissent le développement des micro-organismes issus des déchets. Une population microbienne ainsi stimulée agit de concert avec nos vers, ce qui améliore d'autant plus la transformation du compost. Il n'y a aucune phase de montée en température. « Il ne lui faut donc que 3 à 6 mois pour atteindre une composition à peu près correcte », selon Vincent Desbois. Dernier avantage : le lombri-compost ne propage aucune puanteur puisque les vers possèdent des enzymes dans leur transit intestinal qui suppriment l'odeur de décomposition des déchets !
Le matériel
Vous désirez passer à l'acte ? Plusieurs cas de figure se présentent. Cas le plus basique ; vous possédez un bac à compost en cours d’utilisation dans votre jardin, il suffit d'y enfouir à quelques centimètres de profondeur vos vers dans le tas de compost si celui n'est pas trop volumineux. Ici, les vers permettent de « peaufiner » votre compost, déjà en partie décomposé. Deuxième cas, vous disposer de ce même bac à compost et souhaitez l'utiliser pour démarrer la fabrication d'un vrai lombri-compost. Il s'agit alors simplement d'installer les vers en premier et d’ajouter des déchets au fur et à mesure. Enfin, vous pouvez opter pour un véritable lombricomposteur, matériel dédié exclusivement aux vers, et à disposer au jardin ou bien dans la maison, à la cave, bref où bon vous semble. Il en existe une grande diversité de modèles dans le commerce : bacs plastiques verticaux, bacs en bois, bacs de poissonnier en polyxylène, modèles spécialement équipés pour récolter du jus de compost. Ils sont pourvus d’un couvercle qui empêche l’intrusion des insectes, préserve l’humidité du compost et laisse parfois passer un filet d’air.
Néanmoins, vous pouvez fabriquer votre propre lombricoposteur. Le plus simple est de construire un bac en bois (4 planches) de forme horizontale mesurant 1mètre de long pour 40 à 50 cm de large et autant en hauteur. Séparez-le en deux avec une plaque ou un grillage (maille de 10 x 10 cm). Cette dernière est astucieuse et facilite la récupération du compost : mettez vos déchets avec les vers d’un côté et lorsque vous voulez récolter le compost mûr, placez les nouvelles matières organiques dans l’autre bac. Après une dizaine de jour, les vers de terre affamés, migrent vers le deuxième compartiment en passant par les trous. Récupérez le compost du premier bac et ainsi de suite ! Au fond du montage, un grillage fin évite la fuite des vers ou bien l’intrusion des prédateurs. Enfin, n’oubliez pas d’ajouter un couvercle.
Bien les installer
Reste désormais à mettre vos « verres en condition ». Premier point : évaluez la quantité de vers : leur poids doit être le double de la quantité de déchet que vous apportez chaque jour. Par exemple 500 grammes à 1 kg chaque de vers permettent de dégrader 1 à 2 kg de déchets. Au début, ils ont besoin de s’acclimater et de se réfugier dans une litière humide constituée de matières carbonées : feuille de papier (pas d’encre), cartons ondulés ou carton à œufs… Ce sont leurs cachettes préférées. Mouillez les carton au préalable et veillez à ce qu’ils soient bien détrempés, un peu comme une éponge humide. Lorsque les vers sont enfouis dans cette litière épaisse d’une petite dizaine de centimètres, commencez par verser juste un peu de déchets. Encore mal adaptés au milieu, les vers ne mangent qu’au bout de deux à trois semaines environ. Ne les chargez donc pas trop en nourriture durant cette période car si la matière est mal consommée, elle se décompose d’elle-même et diffuse de mauvaises odeurs. Il sera temps ensuite d’ajuster votre apport quotidien de matière organique quand ils auront retrouvé leur appétit normal.
Bien les nourrir
Vous pouvez étaler alors tout type de déchets sur de fines couches, hautes de quelques dizaines de centimètre seulement. Evitez seulement les matières organiques très dures (os, tiges végétales, etc …), les déchets de viande (ils produisent de l’ammoniac faisant fuir les vers), le lait, les graisses et les huiles et, enfin, limitez les nourritures trop acides (agrumes, oignons …) car le pH du compost doit rester neutre. Pour le reste chacun sa recette : « Moi, je dépose des feuilles, des branches de noisetier, de la paille, de la tuile de gazon, de grande consoude de Russie et des orties, ces deux derniers étant des accélérateurs de compost. Et puis bien sur mes déchets de maison, les coquilles d’œufs finement broyées par exemple. Je pose aussi parfois du fumier de cheval et de vache », précise Marcel CAILLERE. Avant de préciser : « Evitez absolument de placer toute plante vermifuge et insectifuge comme la tanaisie car elle gêne le travail des vers de compost. J’évite aussi les pelures d’agrume, qui contiennent un insecticide naturel. ». Et si vos déchets sont volumineux, broyez-les, cela facilite la digestion des vers.
Autre point essentiel, un bon compost contient une proportion égale de matières azotées et carbonées. Cela signifie que pour une quantité donné de pelures de fruits et légumes, tontes de gazon et autres déchets verts (matières azotées), il est nécessaire de fournir la même quantité de brindilles et feuilles mortes, paille, carton ou papier, copeaux de bois (matières carbonées). Si vous laissez, en effet, trop de matière organique riche en azote, et que les vers n’ont pas le temps de tout manger, vos déchets risquent de se transformer en une pâte gluante et puante.
La température idéale
Les vers vivent bien au environ de 20° C avec un minimum de 50% d’humidité (60% étant l’idéale) et craignent, surtout, la déshydratation. Pour la température, pas de problème si le compost est dans un local, elle y sera en principe clémente et constante. A l’extérieur, attention aux gelées : l’hiver, les vers hibernent au-dessous de 5°C et meurent au-dessous de 0°C. Pour les préserver, isolez donc les parois de votre lombricomposteur avec du polystyrène et posez une couverture dessus. Et pour l’humidité ? Les déchets de cuisine sont constitués à 80% d’eau. Cette eau libérée quand les vers détruisent les matières organiques maintient l’humidité du compost. Vous n’avez donc jamais besoin d’arroser sauf en cas de grande chaleur. Attention, dans ce cas, utilisez un pulvérisateur, car un apport d’eau trop brutal peut noyer vos vers. De même pour limiter les coups de chaud, placez le composteur à l’ombre. Autant de protection pour mettre vos lombrics… au vert.
Nicolas LOUIS

1 commentaire:

  1. Bonjour:

    Ou je peux trouver des vers? Est-ce que il y'a qq'un qui peux m'en donner?

    Merci,
    Vidhya

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